Comment on a écarté les procédures d’admission des internes de la réussite, et le contrôle de la validité de la communication de Ginette Solidarité à ce sujet, du champ d’enquête de l’audit

L’audit commence par des auditions au début du mois de mai 2021. L’ancien trésorier de Ginette Alumni, maintenant exclu de l’association, est un des premiers auditionnés. Et il insiste, dans son audition, sur des divergences entre la communication de Ginette Solidarité sur les conditions d’admission des internes de la réussite – censés être traités comme les autres candidats dans la constitution des listes de classement APB ou Parcoursup – et des éléments qui lui sont parvenus de l’intérieur de l’établissement. Il suggère fortement à l’auditeur de prendre contact avec un professeur qui possède, paraît-il, un dossier et des éléments matériels sur la question. Quelques jours plus tard, l’ancien trésorier renouvelle cette suggestion en appelant directement l’auditeur.

Le 25 mai dernier, le professeur transmet à l’auditeur un dossier pointant des erreurs de comptabilité préoccupantes du responsable de Ginette Alumni quant aux nombres d’élèves suivi et à leurs intégrations. Nous reproduisons ce courriel avec son autorisation :

Cher Monsieur XXX,

Je vous livre mes analyses complètes des mécomptes de la Fondation avec les sources. Ceci n’est bien sûr qu’un petit aspect du problème, mais il me semble très symptomatique.

Je serai très occupé les deux prochaines semaines, si vous souhaitez me parler il sera plus simple de le faire dès la fin de cette semaine.

Rendez-vous est pris immédiatement par l’auditeur pour le vendredi 28 mai à 9h… puis reporté presque instantanément à 10h.

Quelques heures avant l’entretien prévu, le professeur est étonné de recevoir le message suivant, laissant transparaître une forme de réticence à maintenir l’entretien. C’est moi qui met en emphase la partie préoccupante.

Bonjour M. XXX,

J’ai bien pris note de votre pièce jointe à votre email et vous en remercie. Nous avions déjà évoqué ces points avec M. XXXX et je vais travailler sur la cohérence dans le cadre de l’analyse des données et de la communication de la Fondation.
Quels nouveaux points liés à la fondation souhaitez-vous apporter ?

Pour rappel, le cadre de notre audit ne porte que sur la fondation Ginette et non sur l’Ecole Sainte-Geneviève et sur les critères de validation des dossiers de candidature dans le processus ParcoursSup. En effet, ce point est à la discrétion de l’Ecole et la Fondation n’entre pas dans ce processus de décision.

Voici en substance la réponse du professeur. À la question « Quels nouveaux points liés à la fondation souhaitez-vous apporter ? », il répond

Les éléments de communication quant aux résultats, et la façon pour la Fondation de contrôler la réalité de ce qu’elle affirme à ses donateurs (qualités des résultats scolaires).

À l’affirmation citée en gras plus haut, il répond comme suit :

La Fondation n’entre certes pas dans le processus de décision, mais les informations qu’elle donne à ses donateurs à ce propos sont inexactes […]. Il est donc pleinement dans le champ de l’audit de contrôler que la Fondation a un contrôle sérieux sur ses éléments de communication.

J’ai interrogé ce professeur sur ce qu’il avait pu dire pendant l’entretien. Il m’a indiqué que l’auditeur l’avait laissé aborder tous les sujets qu’il estimait important sans restreindre sa parole, mais lui avait rappelé d’emblée qu’il n’avait pas l’autorisation d’enquêter sur la conformité du  processus de sélection des internes de la réussite avec la communication de la Fondation à ce sujet. Enfin, il avait semblé intéressé par la méthodologie d’analyse des résultats proposée par le professeur, et les deux avaient convenu que le professeur lui envoie toutes les données nécessaires pour réaliser un travail sur cette question. Ce fut fait quelques jours plus tard, le professeur envoyant également quelques éléments de vérification qu’il convenait de faire dans le fichier des internes de la réussite. L’auditeur n’accusa pas réception de ce courrier et le contact a été définitivement rompu depuis.

Ainsi, cher lecteur, j’ai bien peur que vous n’ayez rien à attendre de l’audit sur ce point pourtant crucial de mon enquête. Et c’est fort dommage, pour les raisons suivantes.

D’une part, trois des personnes auditionnées ont indiqué à l’auditeur que cet élément était extrêmement important pour juger des actions de la Fondation.

D’autre part, les craintes de discrimination positive sur les admissions faisaient partie d’un ensemble d’interrogations qui ont été à la source de la mise en place de l’audit : lors de la séance houleuse du 19 janvier 2021 qui s’est soldée par la démission forcée du trésorier (faute d’obtenir le départ de deux des têtes de la Fondation Ginette), des questions avaient été posées à Jacques Monnet sur ce point. Nous reproduisons ce qui apparait dans le compte-rendu de cette réunion à ce sujet :

En réponse à GS [NDLR : le trésorier d’alors] qui maintient qu’il existe une discrimination positive en faveur des internes de la réussite, il [NDLR : Jacques Monnet] indique que c’est faux à l’exception de quelque 5 internes sélectionnés en 2015, sélection qui s’est avérée dommageable pour les intéressés eux-mêmes et n’a pas été renouvelée.

Signalons un point qui me semble incorrect. Le trésorier d’alors m’a reconfirmé que, dans les propos échangés mais non retranscrits dans ce compte-rendu, Jacques Monnet a bien dit que c’est l’année de son départ que l’ancien directeur aurait pris trop d’internes de la réussite. Et cette année est 2017 et non 2015. Cette précision est d’autant plus intéressante que dans le tableau agrégé dont dispose en toute logique la Fondation, 5 internes de la réussite apparaissent comme ayant quitté Ginette avant de passer en deuxième année, pour l’année 2017. Mais il s’agit dans ce tableau de l’année … de sortie et non d’entrée ! Ces 5 sorties auraient dû être donc comptabilisées en 2018. Encore une inexactitude.

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