Pourquoi l’année de départ du dispositif est crucial pour comprendre certains points de la controverse

Pour comprendre les épisodes du feuilleton, il est essentiel de savoir que le dispositif Internat de la Réussite a en réalité débuté en 2012 sous le titre “Internat d’Excellence”, seulement rebaptisé “Internat de la Réussite” à partir de la rentrée 2014 (sans rien changer sur le fond ni le mode de financement). Il y a une difficulté apparente à la lecture du rapport d’activité 2020 : la Fondation appelle-t-elle internes de la réussite ceux qui ont reçu officiellement ce label, soit tous ceux qui sont passés par Ginette à compter de la rentrée 2014 (y compris les 5/2 recrutés en 2012 et les 3/2 recrutés en 2013, donc) ? Ou bien prend-elle en compte la totalité des élèves ayant reçu le label interne d’excellence ou interne de la réussite ? Selon le choix qui est fait, on obtiendra bien sûr des chiffres différents.

Figure 1 : Extrait d’un dépliant de Ginette Solidarité, automne 2014

En examinant la communication au moment du changement de dénomination, on constatera que Ginette Solidarité le passe complètement sous silence : les élèves recrutés en 2012 sont tout simplement considérés comme des Internes de la Réussite. Et tant pis si la caisse Ginette Solidarité, qui a soutenu les internes d’excellence de 2012 à 2014, a muté en Fonds Ginette Solidarité pour soutenir les internes de la réussite de 2014 à 2019.

La question du point de départ des calculs est essentielle car c’est sur cette controverse qu’est fondée la réponse qui a été faite aux professeurs de Ginette qui ont alerté en interne sur certains mécomptes de la Fondation. Celle-ci, dans une newletter de février 2021, annonçait avoir suivi 225 internes de la réussite depuis le début du dispositif, alors que ces professeurs en comptaient … 243 en se fondant sur les données des entrées en première année et en retirant 2 élèves comptés deux fois comme entrés (ce sont des réorientés en interne : ils ont fait une première année dans une filière, puis ont redémarré en première année dans une autre sans quitter Ginette). Un hiatus de 18 élèves, c’est énorme, et on pouvait légitimement s’interroger sur l’origine de celui-ci. La Fondation avait alors répondu aux professeurs que le hiatus s’expliquait car elle avait oublié les 3 redoublants présents sur site en 2020-2021 (dont acte) mais surtout les 14 élèves de la première génération ! En fait, sur ces quatorze internes d’excellence, seuls 13 n’ont pas reçu le label “interne de la réussite” car ils ont intégré en 2014, le quatorzième ayant redoublé et il doit donc, selon la logique avancée dans la contre-argumentation, avoir été compté. On en resterait alors à un hiatus de 2 élèves, ce qui est faible et a permis à la Fondation de prétendre au comité de Ginette Alumni que le problème soulevé avait été résolu.

Extrait du site de la Fondation Ginette

Problème : à partir de 2014 toutes les publications que nous avons décortiquées parlent exclusivement du label “Internat de la Réussite”, y compris pour les élèves de la première génération ! Dans ces conditions, on voit mal ce qui justifierait qu’on écarte ces élèves dans les bilans, quand bien même la structure qui les finance aurait changé de dénomination (transformation de la caisse Ginette Solidarité en Fonds Ginette Solidarité) ; d’ailleurs, on pourra remarquer que la transformation du Fonds Ginette Solidarité en Fondation Ginette en 2019 n’a pas eu pour conséquence un redémarrage des comptes à partir de ce moment-là. Il est donc parfaitement incohérent d’écarter la première génération dans les bilans de la Fondation Ginette.

À chaque fois qu’elle a eu la possibilité de le préciser dans sa communication, la Fondation a systématiquement indiqué que le calcul commençait avec la génération admise en 2012 : à l’automne

2017 (reproduction ci-après, c’est nous qui soulignons en rouge), Manuela Rousselot précise bien que le dispositif a commencé en 2012, et les chiffres qu’elle annonce sont nettement supérieurs à ceux qui résulteraient d’un calcul ne débutant qu’en 2013 (nous en reparlerons dans un épisode ultérieur).

Idem dans l’interview de Frédéric Danel pour Servir en juin 2019, dont un extrait est reproduit ci-dessous (à nouveau, c’est nous qui soulignons).

 

Extrait de Servir, Juin 2019

Comme nos futures analyses le confirmeront, tout donne à penser que les calculs de quasiment toutes les communications internes et externes de la Fondation prennent 2012 comme année de départ, la seule exception pouvant résider dans le fameux rapport d’activité 2020.

Les mécomptes de Ginette Solidarité, épisode 1 : la newsletter de 2017

 

Écrire un commentaire