Comment le biais observé sur les résultats des internes de la réussite semble particulièrement concentré sur les élèves admis à la marge

Au vu de ce qui précède, on pourrait être tenté de conclure au fait que le potentiel des élèves boursiers du supérieur a été surévalué par les commissions d’admission dans les différentes filières. Toutefois, les éléments précédents sont insuffisants pour en juger, car le niveau observé pour les candidats admis n’est pas tout à fait homogène : parmi les dossiers admis, certains sont bien plus alléchants que les autres ! Les résultats précédents pourraient tout simplement s’expliquer par le fait que les boursiers du supérieurs sont, en moyenne, admis plutôt dans la deuxième partie du classement que dans la première, et surreprésentés dans les admis sur liste complémentaire.

Nous avons donc voulu étudier cette hypothèse, en nous penchant sur la filière MPSI (qui a le mérite d’avoir le plus grand nombre de candidats admis). Nous avons divisé la population des admis (sur liste principale ou liste d’attente) en trois tiers, selon le classement d’entrée, et avons repéré les boursiers du supérieur dans chacune de ces tranches. Nous avons ensuite refait l’étude précédente (sur les résultats en filière MP) en limitant à chaque fois la population à celle de la zone étudiée, et en éliminant les 5/2 extérieurs. Ainsi, on examine la performance relative, parmi les candidats admis à Ginette dans le meilleur (respectivement, le deuxième meilleur, le moins bon) tiers, la performance relative des boursiers du supérieur.

D’abord, on constate que les boursiers sont effectivement nettement plus concentrés dans les tranches basses : 9,6% dans le premier tiers, 18,7% dans le deuxième tiers, et 15,1% dans le troisième tiers (ce qui est un peu étonnant car on devrait observer une proportion croissante de boursiers à mesure que l’on descend dans le classement).

Examinons maintenant la performance relative des boursiers à l’intérieur d’une zone donnée du classement d’entrée à Ginette MPSI.

Pour le meilleur tiers

Dans cette zone constituée des tout meilleurs dossiers, les boursiers réussissent tout aussi bien que les non-boursiers.

Pour le tiers intermédiaire :

On commence à observer une sous-performance assez nette des boursiers par rapport aux non-boursiers dans cette tranche intermédiaire. Le boursier médian est situé au début de septième décile de la population globale de cette zone.

Pour le moins bon tiers

C’est dans cette tranche des admis “limites” que la performance des boursiers du supérieur est la plus significativement inférieure à celle des autres élèves. La moitié des boursiers est concentrée dans les trois derniers déciles. La sous-performance dans cette zone est tout aussi marquée que celle observée dans la population globale.

Conclusion

Avec une certaine dose de prudence liée à la faiblesse de l’échantillon, on peut tirer les conclusions suivantes de cette étude :

  • Parmi les tout meilleurs dossiers, les boursiers ont une réussite scolaire équivalente aux autres élèves.

  • Plus on descend dans les tranches, plus les boursiers ont des performances dégradées par rapport aux non-boursiers ayant des dossiers jugés de manière équivalente par le jury d’admission.

  • Le boursier admis “marginal” a des performances scolaires, en moyenne, très nettement moindres que le non-boursier admis marginal.

Cette étude confirme l’idée que le jury d’admission sur en moyenne le potentiel scolaire des boursiers par rapport à celui des non-boursiers, et apporte en outre la précision que cette surévaluation est particulièrement marquée pour les dossiers “limites”.

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