Comment le rapport d’activité 2020 est largement incohérent avec le précédent rapport interne de la Fondation, et pourquoi il est très probablement issu d’un travail de remise à zéro de la comptabilité
Le feuilleton a commencé par l’analyse d’une communication publique, et se termine par celle d’une autre : le bilan 2020 de la Fondation envoyé aux donateurs en avril 2021. Dans celui-ci, les catégories ont légèrement changé (il apparait une catégorie “Réorientés”, et plus aucune mention de départ en faculté) et il y a quelques précisions supplémentaires sur les filières de sortie des élèves (avec tout de même un étrange mélange entre les PSI et PT !).
Cette fois-ci, on n’a aucun chiffre fourni par l’AESG sur le nombre d’élèves présents sur site, en première ou en deuxième année.
Examinons l’évolution des cumuls entre 2019 et 2020.
Une première incohérence apparaît dans le nombre d’élèves suivis. Il augmente de 25, alors que 26 nouveaux internes de la réussite sont arrivés en première année (aucun n’était déjà à Ginette auparavant). Une conclusion immédiate de cette petite erreur est que le point de départ du calcul n’a pas dû changer : c’est bien à partir de 2012 que les comptes ont été faits à nouveau, sinon des perturbations énormes seraient constatées vis-à-vis du rapport précédent.
Le nombre d’intégrés aurait crû seulement de 19 unités. Or, les résultats publiés dans une newsletter de novembre 2020, reproduits ci-dessous, parlent de 27 intégrations aux concours 2020 ! De même, le nombre d’élèves sortis d’une année sur l’autre semble largement sous-estimé : seulement 24 nouvelles sorties. Or, si l’on prend les 27 intégrations annoncées et que l’on rajoute 4 départs en fin de sup (chiffres obtenus par croisement avec les données internes à Ginette), on arrive à 31 départs au total.
Bref, à nouveau les chiffres de sorties sont incohérents avec les autres données disponibles, y compris celles envoyées par la Fondation à ses donateurs.
Mais là, le hiatus sur le nombre d’intégrés semble tellement grossier qu’une seule explication s’impose : ce rapport n’a pas été obtenu par la même méthode que les années antérieures (par ajout à la base d’un certain nombre d’intégrés, puis ajout du nombre d’élèves en sup et du nombre d’élèves en spé), il a très probablement été recréé à partir d’une remise à zéro de la base de données (censée permettre d’assainir des comptes mal tenus). Si nous pouvons affirmer cela, c’est parce qu’un insider de Ginette Alumni a témoigné que Frédéric Danel s’est plaint, en novembre 2020, de ne pas disposer d’une liste nominative des internes de la réussite. Peut-être que les données sur lesquelles ils se fondent depuis lui ont été transmises en réponse à cette requête.
Un dernier mystère réside dans une donnée qui fait son apparition à l’occasion de ce rapport d’activité : le nombre d’années de scolarité financées. Comme on va le voir, aucun mode de calcul raisonnable ne peut aboutir au nombre de 446 qui est inscrit dans ce document.
Nous partirons de quatre hypothèses possibles :
-
Le nombre prend en compte tous les élèves depuis la création du Fonds (2014), sans compter les scolarités des élèves pour l’année 2020-2021.
-
Le nombre prend en compte tous les élèves depuis la création du Fonds (2014), en comptant les scolarités des élèves pour l’année 2020-2021.
-
Le nombre prend en compte tous les élèves depuis la création de l’internat d’excellence (2012), sans compter les scolarités des élèves pour l’année 2020-2021.
-
Le nombre prend en compte tous les élèves depuis la création de l’internat d’excellence (2012), en comptant les scolarités des élèves pour l’année 2020-2021.
Avec les chiffres de l’AESG, on obtient les chiffres suivants selon chacune de ces quatre hypothèses, avec une incertitude de 2 unités à cause de l’éventualité d’erreurs dans la déclaration du nombre de 5/2.
Hypothèse 1 : 355 années de scolarité financées
Hypothèse 2 : 416 années de scolarité financées
Hypothèse 3 : 408 années de scolarité financées
Hypothèse 4 : 469 années de scolarité financées
Tous ces chiffres sont, comme on peut le constater, très éloignés de ceux annoncés par la Fondation (même en imaginant par exemple 7 ou 8 élèves partis en milieu de sup et ne s’acquittant pas d’un ou deux trimestres). Une dernière variante serait par exemple que la Fondation prenne en compte uniquement le paiement du premier trimestre 2020-2021. Mais dans ce cas la plus haute estimation donnerait 429 années de scolarité financées, et ce en prenant comme point de départ la première année.
Bref, le nombre d’années de scolarité financées annoncé par la Fondation est complètement hors des clous.
Encore plus troublant, nous sommes revenus sur le bilan interne dont la Fondation disposait en décembre 2019, avant la correction du nombre de 5/2. Il était affiché 439 années de scolarité financées à cette date. Ainsi, l’intégration des 3 redoublants manquant a provoqué le rajout de 7 années de scolarité financées : la seule explication est donc que la Fondation comptait un tiers de scolarité pour tous ceux présents en 2019-2020 : ainsi, les 5/2 oubliés auraient chacun été financés pour 2 ans + 1/3 de scolarité, et on arrive alors bien aux 7 années supplémentaires. Las, comme on l’a vu plus haut, un tel mode de calcul donnerait au plus 429 années financées … nécessitant la prise en compte des élèves dès 2012.